05
juin 2018
La petite histoire du photobooth
Inventé en 1924 aux Etats-Unis par un américain d’origine russe, le photobooth a traversé les décennies en se faisant peu à peu une place dans la culture populaire moderne. Star incontestée en 2018, comment le photobooth est-il passé du statut fonctionnel à un statut branché ? Quels sont les secrets d’une petite invention qui a bouleversé les habitudes de la société ? Retour sur un siècle de photographie … Cheese !
Invention américaine
Le photobooth a été inventé par Anatol Marco Josepho, un américain d’origine russe installé à New-York. En 1924, ce dernier dépose le brevet du premier système de vue individuel automatisé. Bien qu’il faille à l’époque « huit minutes pour tirer huit photographies au prix de ving-cinq centimes », ce studio photo connaît un succès immédiat. Il est vrai qu’à l’époque, l’invention révolutionne les habitudes, et pour cause ! Durant les six premiers mois, le photobooth avait été utilisé par 280,000 personnes. Les premières cabines photobooth seront mises en place à partir de 1925 en libre service à New York et connaissent le même succès que la première. Les prix sont abordables et la rapidité du service séduit le grand public. Moins cher qu’un portrait chez un photographe, moins intimidant et rapide d’exécution, ce type de photographie se démocratise avec la multiplication des démarches administratives où la photographie fait preuve d’identité.
Expansion internationale
En 1927, le photobooth connaît un tournant international avec l’acquisition des droits de la cabine photo par Henry Morhenthau, un homme d’affaire new-yorkais pour la modique somme d’un million de dollars. Naît de cette collaboration, l’entreprise Photomaton Inc qui va mettre en place les cabines photos dans des lieux publics de plusieurs pays différents. Rendre la cabine photo publique est un premier pas vers la modernité des services uniques en leur genre : automatisation, libre-service, disponible vint-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept et neutralité. L’apparition de la notion du libre-service au début de la seconde guerre mondiale change la donne. Le grand public prend l’habitude de se servir par lui-même dans les premiers magasins libre-service et le photobooth reproduit ce schéma avec un atout en plus : la disponibilité permanente. Même si la cabine photo a joué un rôle d’émanticipation durant l’histoire, il faut tout de même noter que l’entreprise Photomaton répond en 1941, à un appel d’offre pour photographier et classer les déportés. Elle ne décrochera pas le contrat.
Du statut fonctionnel au statut branché
En 1941, une amélioration de taille est réalisée par Philip S.Allen. Il créé un dispositif interne permettant un développement de photo beaucoup plus rapide, ce qui réduit le temps d’attende entre la prise et l’impression des photos à 4 minutes. Cependant, c’est réellement dans les années cinquante, sous l’influence du mode de vie américain que le photobooth connaît une véritable expansion. A ce moment là, les cabines se modernisent et font l’objet d’un déferlement de passion. Richard Avedon, grand photographe de mode réalise en 1957 des portraits de célébrités à l’aide de cabines photo pour le magazine masculin Esquire. En 1972, c’est l’artiste italien Franco Vaccari qui installe une cabine photomaton à Biennale à Venise. Peu à peu, la cabine photobooth devient un incontournable de la photo et se converti à la couleur dans les années 1970.
L’ère du digital et les années 2000
Le photobooth se met à la page en 1990 en se numérisant et en étant assisté par ordinateur. Philippe Starck, un designer français offre un coup de frais à la cabine avec un relooking de l’extrême en 2010 : écran tactile, caméra ajustée, différents types de photos et l’envoi sur les réseaux sociaux et par email. Une révolution. Son design est depuis resté intact. Aujourd’hui le photobooth est redevenu à la mode avec la tendance du « vintage », un retour aux sources qui est de plus en plus utilisé par les entreprises et les particuliers pour des événements.